Gravité, infodynamique et univers computationnel : une nouvelle équation de Newton ?

Gravité, infodynamique et univers computationnel : une nouvelle équation de Newton ?

Table des matières

Objectif de l’étude

Cet article propose une dérivation inédite de la gravité comme force entropique issue de la dynamique de l’information. À la suite des travaux de Verlinde, mais via une approche distincte, Melvin M. Vopson démontre que l’attraction gravitationnelle peut émerger de la tendance à la réduction de l’entropie d’information, conformément à une loi dite de la seconde loi de l’infodynamique.

Fondements théoriques

Deux principes clefs sont invoqués :

  • La seconde loi de l’infodynamique, qui exige que l’entropie d’information d’un système isolé diminue ou reste constante, en opposition à la seconde loi de la thermodynamique.
  • Le principe d’équivalence masse–énergie–information (M/E/I), selon lequel la masse est une forme condensée d’information.

L’auteur reprend la définition de l’entropie de Shannon pour un espace à deux états ${0, 1}$ :

$$ H(X) = -p_0 \log_2 p_0 - p_1 \log_2 p_1 $$

et lie la variation de cette entropie à un mouvement spontané des particules vers un état d’information minimale.

Méthodologie : l’espace comme grille d’information

Le modèle repose sur un espace discrétisé en cellules élémentaires de taille de l’ordre de la longueur de Planck $L_p$. Chaque cellule peut contenir 1 bit : “0” (vide) ou “1” (matière).

Exemple simplifié : quatre particules de masse $m$ sont initialement réparties dans un espace de 10×10 cellules (Fig. 1a). L’entropie d’information calculée augmente avec leur dispersion, et diminue lorsqu’elles se rassemblent en un seul point (centre de masse), selon la logique :

$$ \Delta S_{\text{inf}} = k_B \ln 2 \cdot \left(H_N - H_{N-1}\right) $$

Le mouvement des masses vers un point commun est interprété comme résultant d’une force entropique visant à minimiser $S_{\text{inf}}$.

Résultat principal : une nouvelle formulation de la gravité

En liant cette force à l’accélération par $F = ma$, et en réinjectant la définition de la variation d’entropie, on obtient :

$$ F_S = T \cdot \nabla S_{\text{inf}} $$

En considérant l’équivalence entre masse et information selon :

$$ M = \frac{N H(X)}{k_B T \ln 2} c^2 $$

et en injectant dans l’équation de la force, l’auteur retrouve une expression formellement équivalente à la loi de Newton :

$$ F = G \frac{Mm}{R^2} $$

Ce résultat est frappant : la gravité n’est plus un axiome, mais une conséquence émergente d’un principe informationnel.

Comparaison avec Verlinde

Contrairement à Verlinde qui s’appuyait sur la variation d’entropie dans un écran holographique, cette approche est basée sur un cadre discrétisé, sans recours à des concepts émergents. La direction de la force (vers une entropie minimale) est aussi inversée par rapport à Verlinde (vers l’entropie maximale).

Implications philosophiques et physiques

  • Le modèle suggère un univers simulé où les lois de la physique émergent de règles de traitement de l’information.
  • La gravité devient un effet secondaire d’un programme de compression.
  • Cela pourrait expliquer des observations comme l’homogénéité, les symétries ou la loi de conservation de l’énergie comme exigences de “coût” algorithmique minimal.

Limites et perspectives

  • Le modèle est purement formel : aucune prédiction expérimentale spécifique n’est encore testée.
  • La dynamique relativiste et quantique reste à intégrer.
  • La notion d’observateur externe à l’univers est philosophiquement problématique.

Informations sur l’article original

Titre original: Is gravity evidence of a computational universe? Auteur: Melvin M. Vopson Source: AIP Advances, vol. 15, article 045035 (2025) DOI: 10.1063/5.0264945 Publié le: 25 avril 2025

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